jeudi 13 août 2009

Mont Blanc, éperon de la Tournette

Gravir le mont Blanc en plein mois d'août, période de pointe, sans croiser qui que ce soit. L'éperon de la Tournette autorise ce luxe. Cette voie quasi directe se trouve en face ouest du Toit de l'Europe occidentale, un gigantesque et austère versant italien que certains montagnards qualifient « d'himalayen ». N'opposant pas de difficultés particulières, ce long itinéraire coté AD, à l'abri des chutes de séracs, requiert une bonne acclimatation.
L'éperon de la Tournette, un itinéraire confidentiel.
Le tracé approximatif de la montée au refuge Quintino Sella. Plusieurs cheminements possibles selon les conditions.
Quintino Sella et ses murs biscornus en pierres sèches. Construit en 1885, le plus vieux refuge du massif paraît-il.
Les aiguilles de Tré-la-Tête au fond. Isolement garanti dans ce refuge oublié, indiqué nulle part dans le Val Vény.
Il faut remonter cette langue glaciaire et traverser un plateau assez crevassé avant d'attaquer l'ascension. À droite, au soleil, l'arête du Brouillard.
À l'instant où je mets les pieds sur l'éperon de la Tournette, un sérac s'effondre dans la voie Domenech-Jaccoux, au centre de la face ouest du mont Blanc.
Sous l'arête des Bosses, vers 4700 mètres, alors que je m'étais écarté à droite de l'éperon pour sortir de la face ouest au plus près de la cime du mont Blanc, j'ai traversé une zone parsemée de multiples pièces métalliques. Certaines rouillées, d'autres intactes. Intrigué, je ne me suis néanmoins pas attardé afin de respecter l'horaire que je m'étais fixé : avant midi au sommet. 
Quelques jours après mon ascension, des recherches sur Google m'ont rappelé que le Malabar Princess, vol 245 d'Air India, s'était écrasé à proximité du Rocher de la Tournette (4677 mètres) le 3 novembre 1950 avec 48 passagers et membres d'équipages. Seize années plus tard, le 24 janvier 1966, la compagnie Indienne avait perdu un second avion, le Kangchenjunga, dans le même secteur. 117 personnes avaient péri. Malédiction ?
Je présume, sans aucune certitude, que j'ai vu ce matin-là des vestiges de ces drames restés dans les mémoires. En ce mois d'août 2009, exceptionnellement chaud et sec, des zones perpétuellement enneigées étaient à nu. Dans des conditions normales, je ne suis pas certain de pouvoir retrouver le secteur de "mes découvertes".
Puissante odeur de pisse au refuge du Goûter, foule nerveuse bouchonnant l'aiguille du même nom. Le retour dans la vallée par la voie normale du mont Blanc contraste brutalement avec les heures calmes et solitaires laissées sur l'éperon de la Tournette.
Sortie de la face ouest. Dans la pente finale avant de rejoindre l'autoroute des Bosses.
Fin de la solitude. Sommet du mont Blanc, 4810 mètres.

3 commentaires:

  1. Bonjour, très beau récit qui me motive encore plus. Je compte bien faire cette ascension. J'avais il y déjà longtemps fait le mt-blanc par le gouter, là, le coté isolé et loin de la foule me plait bien. J'ai cru comprendre en lisant d'autre récits sur cet itinéraire, que la difficulté se trouvait sans occulter les autres, sur la longueur de la course. Du point de vue escalade les passages sont ils à la porté d'un alpiniste qui n'a pas beaucoup d'expérience ?. ( le gouter, l'aiguille de warens, la pointe percée par les cheminées de sallanches...etc ) Notez que je compte m'offrir les services d'un guide, et que je peaufine ma préparation physique depuis l'été dernier, et que j'envisage la course pour aout prochain.
    Meilleurs voeux à vous, et d'avance merci pour votre réponse.

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    1. Bonjour, j'ai lu votre commentaire ce jour, désolé pour cette réponse tardive. Je confirme que l'escalade sur l'éperon n'est pas difficile, sinon je n'aurais pas pu passer en solo. Néanmoins, le cheminement pour accéder au refuge Q. Sella peut poser des problèmes de sécurité, selon les conditions, la chaleur... Idem pour la rimaye de la face ouest. Votre guide saura prendre les bonnes décisions.
      Mieux vaut être dans un pic de forme, bien acclimaté en ayant passé du temps à plus de 4000 mètres, pour envisager cette course. La descente côté français, par la voie normale, est facile mais longuette.
      Bonne chance !

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    2. Bonjour, et merci pour votre réponse riche d'enseignement.
      Je vais donc bien continuer ma préparation physique, et la quinzaine de jours qui précedent la course, passer un max de temps en altitude.
      Cordialement. jean-Marc

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